L’oeil et le coeur 2 – Traits d’esprit dans les collections montpelliéraines (Carré Sainte-Anne, Montpellier, FR)
Crédit : JEAN LUC COUGY
L’oeil et le coeur 2 – Traits d’esprit dans les collections montpelliéraines
Exposition collective au Carré Sainte-Anne à Montpellier du 24 janvier au 27 avril 2014
Commissariat Numa Hambursin
Certains esprits peu enclins au songe y voient un désir obsédant d’éternité, la trace d’une fêlure ou d’un complexe, parfois même une pathologie. D’autres préfèrent parler de « doux rêveurs », évoquer une passion, une quête, une aspiration qui est celle de l’enfant imaginant que le monde recèle d’innombrables trésors à déterrer. Une chose est sûre. Sans ces francs-grippés de collection, comme on les surnommait au XVIIème siècle, nos musées seraient bien vides et nos artistes bien affamés. Quelles peuvent être les motivations profondes de ces personnages hors du commun, tour à tour agaçants et attachants, qui consacrent tant d’énergie à la recherche, à la poursuite d’œuvres chargées à leurs yeux d’une si haute valeur symbolique ?
Le premier volet de « L’œil & le cœur » avait pour ambition de raviver dans l’imaginaire collectif la flamme de cette tradition montpelliéraine, en insistant moins sur la figure du collectionneur que sur l’extrême variété des pratiques, des histoires et des objets concernés. Nous avons choisi pour cette nouvelle édition de concentrer notre attention sur quelques ensembles très cohérents, entièrement voués à l’art contemporain et répondant en écho à la formule de Jean Baudrillard : « Collectionner, c’est aussi collectionner une part de soi-même ». Il faut un vrai courage pour accepter de livrer ainsi au public cette part de soi-même, de son intimité. Ils étaient treize, ils sont quatre, tous absents du premier opus, qui ont joué le jeu sans restriction.
Traits d’esprit. Deux amis très proches qui, s’ils ne sont pas de la même génération et n’ont pas commencé en même temps leur collection, partagent leurs impressions et leur intérêt, dont les goûts se croisent et se retrouvent sur quelques artistes. Et puis deux jeunes passionnés de Street Art, deux potes de 27 et 31 ans, pour nous rassurer quant au fait que cette belle et mystérieuse névrose n’a pas d’âge. L’occasion aussi de faire dialoguer des œuvres que l’on ne confronte jamais, à l’image de Supports-Surfaces et du Street Art, alors qu’elles ont tant de choses à se dire. « L’œil & le cœur 2 » est un hommage à ces montpelliérains qui, au long d’une vie et parfois contre toute raison, bâtissent une œuvre unique, une œuvre de l’esprit, une chimère : leur collection.